Les exploits des RS en 1973 : La Targa Florio 1973

2ème partie : la Targa Florio 1973

 3.1.1 Les vrais Prototypes 

Leurs principales caractéristiques sont résumées ci dessous :

Il y a quand même une similitude frappante entre les Ferrari et les Alfa Roméo !

Porsche 908/3 :

La Porsche 908 est une auto vieillissante, née de l'évolution des limites de cylindrée décidées par la FIA courant 1967 et entrant en vigueur en 1968 : 5.0 L pour les Sport et à 3L pour les Prototypes.

La 908 est à l'origine constitué d'un châssis et d'une carrosserie coupé dérivés de ceux de la 907, le tout doté du moteur 3L type 908. Fin 1968 apparaît une version spyder baptisée 908-01 qui évolue à partir des 1000 km du Nürburgring 1969 en 908-02 reconnaissable à sa carrosserie aux lignes revues. En parallèle le développement de la 917 se poursuit jusqu'à atteindre un niveau qui laisse présager aux dirigeants Porsche une véritable moisson de premières places en catégorie Sport 5L donc de victoires absolues. De ce fait, le programme 908 en prototype est réduit et les voitures produites sont vendues à des équipes privées pour la saison 1970.

Cependant, Porsche se rend bien compte que sur des circuits comme le Nürburgring et celui de la Targa Florio les imposantes et surpuissantes 917 seraient peu à l'aise. Il est donc décidé de produire une nouvelle génération de 3L spécifiquement conçues pour ces deux épreuves. L'accent est mis sur la maniabilité et le poids (la nouveauté ne pèse que 545kg) ce qui détermine une voiture quasiment sans porte à faux dont le dessin servira de base lors de la création de la plupart des autres protos de 3L et plus particulièrement de l'Alfa 33, comme on le voit ci dessous au Nürburgring en 1971 avec 908 (N°2)  avec l' Alfa à droite (N°6):

C'est ainsi que naissent les 908-03 qui font en tout 4 courses pour l'usine, à savoir la Targa Florio et les 1000km du Nürburgring en 1970 et 1971. Mis à part le faux pas à la Targa 71 (doublé Alfa !), le modèle enregistre trois victoires sur quatre participations.

En 1972 la réglementation du championnat des voitures de Sport change à nouveau. Elle limite la cylindrée des voitures à 3L, ce qui est bon pour la 908-03, mais leur impose un poids minimal de 650kg, ce qui l'est moins. L'usine ne s'engage pas officiellement mais vend quelques exemplaires à des écuries privées. C'est la cas du châssis 013 (ex Rodriguez/Siffert/Oliver au Nürburgring en 71) le seul engagé à la Targa Florio en 1973 avec Haldi/Cheneviere comme pilotes.

Depuis le début de la saison, il a déjà pris part aux courses de Vallelunga (9e), de Dijon (8e) et Monza (ab) et a fait l'impasse sur Daytona et Spa. La voiture a été considérablement alourdie pour peser les 650kg imposés par le règlement mais l'endurance dont fait preuve son moteur n'est plus à prouver.

Pour la Targa, elle fait donc logiquement partie des outsiders qui comptent sur la casse des Alfa et Ferrari pour s'imposer. Hélas, il suffira d'une baisse de pression d'huile et de l'absence d'un moteur de rechange pour éliminer la seule 908/03 qui était, à cette occasion, engagée par le "Porsche Club Romand". 28eme temps aux essais elle ne participera pas à l'épreuve, mais Haldi sera sur le champ engagé pour piloter une des RSR d'usine (voir plus loin).

Les 24 Heures du Mans disputées après la Targa lui permettront de se rattraper et d'inscrire une belle 5eme place à son palmarès.

Alfa Roméo 33TT12 :

L'Alfa 33T12 est l'évolution de la 00TT3 née en 1972. Dans sa première version en 1973 elle présente peu de différences avec la TT3, si ce n'est bien sûr au niveau du moteur, le V8 ayant laissé sa place au 12 cylindres à plat.

Le premier châssis ainsi équipé apparait d'abord lors de séances d'essais privés sur la piste du centre d'essais d'ALFA ROMEO de Balocco, puis durant les essais d'intersaison sur le Circuit Paul Ricard. Les temps au tour s'y révèlent bien loin des performances des Matra et de ce fait la firme italienne ne se jugeant pas prête, décide de faire l'impasse sur Daytona, où elle sait avoir bien peu de chances de terminer. De longs mouvements de grèves paralysent ensuite l'industrie italienne en général et le domaine automobile en particulier, si bien que la préparation de la nouvelle auto prend du retard, lui faisant manquer les 1000 km de Vallelunga, de Dijon et de Monza.

Enfin une voiture est prête pour d'autres essais au Paul Ricard. Elle y apparait dans sa nouvelle carrosserie qui se caractérise par un dessin différent de toute la partie arrière : un dôme volumineux couvre tout le compartiment moteur et masque l'arceau de sécurité et les canalisations qui alimentent le moteur en air frais. De plus l'aileron qui court sur toute la largeur de la voiture prend place entre les deux nageoires qui font partie intégrante du capot et déterminent des flancs absolument plats. Le porte à faux arrière est quasi inexistant. Les temps enregistrés ce jour là sont suffisamment encourageants pour qu'une auto soit inscrite aux 1000 km de Spa, mais le déchapage survenu à haute vitesse sur une roue arrière amène à une sortie de route de de Adamich dès les essais, et l'empêche de prendre le départ.

La Targa Florio constitue donc la toute première course de la TT12. Deux autos sont engagées. Le châssis accidenté à Spa, réparé est confié à Stommelen et de Adamich (N°6 en course):

La seconde (châssis neuf, N°7 en course) est confié à Regazzoni et Facetti.

Alfa Roméo 33TT3 :

C'est avec l'Alfa 33 que la grande firme Alfa Romeo fait en 1967, son retour sur les circuits après une éclipse qui durait depuis 1953.

Le projet a débuté sous la direction du brillant Carlo Chitti et est passé par différents stades, tant au niveau du châssis (tubulaire, coque en 69-70, puis à nouveau tubulaire) qu'à ceux de la carrosserie ou du moteur passé successivement de 2L à 2.5L et enfin à 3L. Le V8 à 90° tout en alliage, né dans le courant de la saison 69, propulse la voiture baptisée 33-3 conçue autour d'un châssis coque. Les promesses entrevues dans le courant de la saison ne confirment pas en 1970 qui voit la 33-3 naturellement dominée par les 5L de la catégorie sport mais aussi par les prototypes 3L. Le travail effectué pendant l'intersaison se traduit par des progrès nets, qui la conduisent au titre de meilleure 3L de l'année 1971 et amène trois victoires absolues : celles de Brands Hatch et de Watkins Glen obtenues devant les Porsche 917 et un doublé historique réussi à la Targa Florio de 1971 mettant un terme à 5 ans de victoires consécutives de Porsche.

L'année 1971 marque enfin l'apparition d'une 33 à châssis tubulaire baptisée 33TT3 (pour Telaio Tubulare 3 litres) qui faisait sa première sortie dans le cadre des essais de la Targa Florio. Elle est nettement influencée par la Porsche 908-3 mais sa conception a visé un poids trop juste. Les 560 kg qu'elle affiche sur la bascule trahissent un châssis en tubes en alliage léger trop fin manquant singulièrement de rigidité. Chitti y remédia en créant un nouveau châssis, produit durant l'hiver à cinq exemplaires. Les tubes sont cette fois en acier et de plus fort diamètre (la nouvelle limite de poids le permet sans arrière pensées). Un tel effort se justifiait car, forte des résultats enregistrés en 1971 et compte tenu de la disparition des 5L, éliminées par les règlements, l'Alfa 33T3 devrait théoriquement triompher en 1972.

Hélas pour elle, Ferrari et Matra ont limité leurs objectifs et préparé soigneusement de nouveaux prototypes. Battue dans les épreuves de championnat par les 312PB, la 33T3 le sera aussi au Mans par les Matra 670. Autant dire que l'équipe Alfa Roméo a du travail si elle veut revenir au meilleur niveau en 1973. A cet effet, un nouveau prototype est mis en chantier et prendra la dénomination de 33TT12, tandis qu'un châssis 33T3 de la saison 1973, engagé à titre privé par l'écurie Brescia Corse, s'alignera aussi dans quelques manches du championnat aux mains de Facetti et "Pam". Elle débute par un abandon à Vallelunga, fait l'impasse sur Dijon, termine 5° à Monza, ne se rend pas à Spa et enfin se présente à la Targa Florio où des ennuis de pression d'huile l'empêchent de réaliser le moindre tour chronométré, condition pour être admis au départ. Comme la seule 908/3 inscrite, elle partage le triste sort d'être éliminée avant même le départ à cause d'un moteur fatigué. Elle finira 15° au Mans et 7° à Zeltweg.

 

Ferrari 312PB :

Œuvre d'une équipe placée sous la responsabilité de Rocchi et Forghieri (comprenant Marelli et Malloli pour le châssis et Caliri pour la carrosserie), la Ferrari 312P est née en1971 (312 pour 3L 12 cylindres et P pour prototype).

Cette année là, les prototypes de 3 litres n'avaient aucune chance de s'imposer à la régulière dans les courses dominées par le Porsche 917 et autres Ferrari 512.

Lorsque ces 4.5 litres furent éliminées par les règlements à l'orée de la saison 1972, la Ferrari 312 évoluée et de ce fait baptisée 312PB allait retrouver ses grandes rivales, en l'occurrence l'Alfa 33-3 et la Porsche 908, sur lesquelles elle pris incontestablement l'ascendant en terminant première de toutes les courses Sport auxquelles la Scuderia l'avait engagée : les dix manches du championnat plus les 500 km d'Immola et les 9 heures de Kyalami. Inutile de préciser qu'avec de tels résultats, elle permit à Ferrari de remporter haut la main le championnat du Monde des Marques. La seule épreuve dans laquelle la 312PB ne fut pas engagée fut les 24Heures du Mans, dont Matra avait fait son seul objectif. Les deux firmes s'étaient bien gardées de s'affronter directement.

Pour la saison 1973, les 312PB légèrement modifiées notamment au niveau de la carrosserie mais aussi des freins arrière devenus "in board" ne s'étaient pas rendues à Daytona, profitant du fait que le règlement stipulait que chaque marque devait en fin d'année décompter ses trois moins bons résultats. L'abandon de la seule Matra engagée et la deuxième place enregistrée par une 365GTB/4 privée avait donné raison aux dirigeants de Ferrari. Mais les choses s'étaient gâtées par la suite, la 312PB avait du subir la loi des Matra à Vallelunga et à Dijon avant de s'incliner face à Mirage à Spa réussissant malgré tout à l'emporter à Monza. Ces résultats d'ensemble font qu'en arrivant en Sicile l'équipe occupe la tête au classement du championnat.

Deux Ferrari 312 PB y étaient engagées :

  • En associant le rapide Merzario, alors titulaire de l'équipe en F1, au champion incontesté de la Targa qu'est "Nino" Vacarella, Cesare Fiorio pensait avoir là l'équipage idéal.
  • la deuxième était confiée à l'équipage Jacky Ickx / Brian Redman



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Commentaires:

  1. Le document est détaillé, intéressant et l'auteur a fait des recherches approfondies.
    La Targa Florio illustre l'époque où les pilotes étaient des dieux et où l'automobile faisait rêver.

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