Les exploits des RS en 1973 : La Targa Florio 1973
2ème partie : la Targa Florio 1973
2.4 L'organisation de la course et son plan de sécurité :
Le schéma ci dessous résume l'organisation mise en place pour 1973, assez classique somme toute:
Le schéma ci dessous représente le plan de sécurité et de communication mis en place pour l'édition de 1970. On trouve sur internet le même document pour l'édition de 1973, mais malheureusement il est moins lisible, mais la structure mise en place est la même.
Cliquer ici pour rendre le tableau de 1970 lisible. Il vaut mieux l'ouvrir dans un nouvelle fenêtre.
En synthèse on y trouve les éléments suivants quand on compare le plan de 1970 et de 1973 :
On notera d'abord que l'organisation de la Targa Florio devait être consciente des enjeux de sécurité, puisque de 1970 à 1973 elle a augmenté le nombre de postes de commissaires en piste de 80%. Un baroud d'honneur ?
"Centre d'assistance" désigne un point du circuit où sont regroupés un certains nombre de moyens autour d'un commissaire sportif : ambulance et antenne médicale, radio de type militaire, agents de piste. Il y a 8 centres d'assistance situés aux Points Kilométriques suivants :
- 14 : après Cerda
- 23 : au pied de la montée vers Caltavuturo
- 28 : à l'endroit où le tracé quitte la route vers Caltavuturo pour rallier Collesano
- 37 : au point de ravitaillement secondaire, "Bivio Polizzi"
- 43 : au point haut du tracé
- 48 : à coté du virage en épingle de Collesano
- 54 : à mi distance entre Collesano et Campo Felice
- 60 : dans Campo Felice
Les secours médicaux étaient les suivants :
- Les tribunes disposaient de deux antennes médicales, un médecin et une ambulance
- elles disposaient aussi de deux "heliports" (probablement de simple helipads aménagés dans les champs voisins), avec des règles de sécurité à parfaire comme on le voit ci dessous) ce qui permettait tout de même de projeter les équipes n'importe où sur le tracé.
- au sein des 8 centres d'assistance se trouvaient un médecin, et une ambulance
- enfin les services médicaux de Caltavuturo, Collesano, Campo Felice, de Cefalu et Palerme, étaient mobilisables à tout moment.
Les commissaires de piste étaient disposés en 62 postes répartis le long du tracé soit pour assurer une couverture continue (ex le long de la ligne droite le long de la mer), soit à des endroits sensibles comme des changements de route (ex :à la fin de la longue ligne droite de Buonfornello le long de la mer, à Caltavuturo), en amont des épingles, etc .
L'efficacité des dépanneuses et des ambulances était sans doute tributaire des routes étroites du tracé et du fait que la course continuait sauf incident majeur . Une voiture en panne ou accidentée était mise tant bien que mal sur le coté de la route, exposée à la ferveur du public. Il existait cependant des voie de dégagement : par exemple dans les villages traversés (Campo Felice, Collesano, Caltavuturo) ainsi qu'au point kilométrique 35 où il y a un accès vers l'autoroute de Palerme, qui en 1973 existait déjà.
La logistique était complétée par un réseau de télécommunication dont on voit un schéma ci dessous, même s'il n'est pas contemporain de l'édition de 1973.
Vis à vis du public, une campagne d'affichage était organisée demandant aux habitants des villages de rester chez eux, et de veiller à ce que les enfants et les chiens ne s'échappent pas.
L'accès au tracé était libre avant l'ouverture de la course. Il fallait donc venir dans la nuit ou de très bon matin pour occuper une place ou un lieu que chacun pensait le meilleurs. Pendant la course et un peu avant, l'accès au tribune était filtré à travers un système de pass dont on voit quelques exemplaires ci dessous :
Etant donné la longueur du circuit (72 km) et l'affluence que suscitait la course, la sécurité était un sujet important.
En effet, avec l'accroissement des vitesses, l'écart de talent de pilotage entre les vrais pilotes souvent engagés par les usines, et les "dilettanti" était un vrais soucis. Pour ce qui etait des autos, la caractéristique essentielle de la Targa Florio était celle d'un rallye couru à la fois par des voitures certes sportives, mais presque civiles, et des prototypes de piste présentant des caractéristiques sportives remarquables : 150 CV au litre de cylindrée et un rapport poids puissance autour de 1.5 Kg/CV. L'état du revêtement et l'étroitesse des routes ne permettait pas les dépassement aisé des autos les moins rapides. Les écarts de compétence des pilotes et des autos engagées existent encore de nos jours aux 24 heures du Mans, mais les 11 km du circuit du Mans sont aménagés en piste et l'accès du public y est strictement contrôlé et souvent empêché.
Le problème de la Targa Florio était comme on le voit la course en elle même, mais il résidait aussi dans l'enthousiasme du public, en particulier lors des essais libres.
Malgré ces conditions difficiles, le "track record" des accidents mortels de la Targa Florio était relativement faible (comparé au Mans par exemple), même si le nombre de ce type d'accident est encore trop important :
- le premier accident mortel eu lieu en 1926, quand le conte Masetti a perdu le contrôle de sa Delage dès le premier tour. C'était donc 20 ans après la première édition. On se rappellera que la première course Paris-Madrid organisée en mai 1903 avait fait 7 morts avant même d'arriver à Bordeaux et que de ce fait elle avait été arrêtée là !
- en 1934 quand Giovanni Alloatti se tua au deuxième tour de course en perdant le contrôle de sa Bugatti,
- en 1958, lors des essais libres, Sergio der Stepanian se tua à bord de sa Ferrari dans un accident frontal avec un camion qui venait en sens inverse,
- en 1973, également lors des essais, Charles Blyth se tua à bord de sa Lancia Fulvia,
- en 1971, Fulvio Tandoi à bord de son Alpine se tua au deuxième tour de course pas loin de l'endroit où Masetti avait perdu la vie 45 ans plus tôt.
En dehors de ces décès de pilote, un certain nombre de spectateurs ont perdu la vie, du fait du manque de mesure de sécurité et de l'enthousiasme des fans le long du circuit. Le plus tragique des accidents eut lieu en 1977 (cad après la décision de ne plus inclure la Targa Florio dans le Championnat du Monde des Marques), lorsque au troisième tour Gabriele Ciuti à bord de son Osella quitta la route et heurta un groupe de tifosi, parmi lesquels on devait déplorer 2 morts et 2 blessés graves (y compris le pilote lui même).
Cet accident marqua la toute fin des compétitions automobiles organisées sur ce beau circuit. Il fut victime de sa nature même, de l'évolution des autos sportives (puissance, poids, vitesse), et pas du tout par une organisation, que certains considéreront comme le produit flou d'un "Italian Job" dont on affuble très souvent à tort nos amis transalpins.
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Commentaires:
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c est du lourd!
philippe
Le document est détaillé, intéressant et l'auteur a fait des recherches approfondies.
La Targa Florio illustre l'époque où les pilotes étaient des dieux et où l'automobile faisait rêver.
Votre travail est remarquable: un grand merci.
Jacques Ubags Liège