Andiamo alla Targa Florio
17 au 26 septembre 2021

Un projet de longue haleine

 

Andiamo alla Targa Florio ou un pays qui aime les Porsche

 

Andiamo alla Targa Florio est un projet né de l'intérêt porté par le Club RS de France à la Targa Florio. On se rappellera en effet que cette course a été gagnée 11 fois par Porsche après la deuxième guerre mondiale. La première victoire "scratch" a été celle de Umberto Magioli à bord d'une Porsche 550A RS en 1956, la dernière celle de Gijs Van Lennep et Herbert Müller à bord de la RSR d'usine R6 en 1973.

 

 

 

Le baron Huscke Von Hanstein a été l'initiateur de l'intérêt de Porsche pour la Targa Florio.  Le management de Porsche soutenait ses troupes sur place : 

Huscke von Hanstein a participé à l'édition de 1958 : vainqueur en classe GT

Ferry et madame se déplaçant volontiers en Sicile pour l'occasion (comme par exemple en1970)

Notre club regroupant des propriétaire de RS refroidies par air, il était évident que nous ne pouvions pas échapper longtemps aux sirènes siciliennes hantant les Madonies. Nous y avons donc cédé, et après 4 ans de préparation 17 équipages se sont retrouvés à Gênes le 17 septembre dernier pour embarquer sur le ferry en partance pour Palerme.

La recette était très simple, pour 34 participants:

- un grand tiers de tourisme au travers de la visite des grands classiques de la Sicile : Etna, Selinunte, Vallée des Temples, Villa Romana del Casale

- un grand tiers de bien vivre: bonne chair et bons hôtels

- un grand tiers de "sport" : circuit de la Vallée des temples, montée de l'Etna, parcours du circuit de la Targa Florio

bien mélanger avec un grand zest de bonne humeur et napper le tout sur 17 autos durant 7 jours.

Il est quasi impossible d'organiser un tel périple sans l'appui et en fin de compte l'amitié de siciliens bien plus fondus de la Targa Florio que nous. Les participants à la course de l'époque se font de plus en plus rares : la dernière édition inscrite au championnat du monde des marques était celle de 1973, il y a donc 48 ans. Mais les obscurs, ceux qui sont tombés dans la marmite quand ils avaient 10 ans, et qui ont vu passer les bolides devant chez eux à Cerda, Caltavuturo, Scillato, Collesano et Campo Felice, ceux là il en existent encore beaucoup, et ils n'ont rien oublié. Ils ont vécu les préparatifs et le folklore et la folie de la course : son public, ses affichages, ses essais libres et ses essais officiels du samedi, qui fixaient le départ de chaque concurrent dans l'ordre croissant des temps réalisés le samedi, les repas en bord de piste lors de la course et bien sur les encouragements à Vacarella l'enfant de Collesano.

Ajoutez à cela, leur sens de l'hospitalité, une grande valeur sicilienne, et vous tenez là des atouts maitres pour organiser l'affaire. Nous avons eu la chance de tomber sur un tel réseau : Serafino, Giuseppe et Peppe. Qu'ils en soient remerciés.

Ils ont vu ces affiches disposées ça et là sur les murs avant les essais et la course, et peut être même qu'ils en ont collées quelque unes.

Ne rien jeter sur la chaussée. Papiers et fruits peuvent provoquer des accidents graves

 

Pendant la course, maintenez vos habitations fermées. Mamans attention à vos enfant, veillez sur eux ! Evacuez les routes, attention aux concurrents, restez sur les seuils de vos portes !

Vince Vacarella !

Alors embarquons d'abord à Gênes. Pour ce faire, il faut d'abord obtenir les billets, et ce n'est pas simple... , et ensuite les distribuer ce qui ne va pas, plus tard, sans problèmes à bord. Le tout se règle au bureau du port à savoir sur le toit d'une 2.7 RS. Ensuite il faut attendre que le bateau soit arrivé... et amarré à quai... Attendre n'est pas un vain mot ! Sur le parking à coté des bureaux de la GNV, depuis l'arrivée jusqu'à  la distribution des billets il faut 3 heures.

Gros avantage : tout le monde fait connaissance !!! et on a le temps de déguster le pique nique prévu par les organisateurs. Sur le quai d'embarquement nous avons attendu 1h30, puis il nous a fallu 1H pour rejoindre nos cabines. Le bateau quant à lui devait quitter le port vers 1H30 du matin, soit un retard de 2H30.

La nuit tombe et on attend toujours :

Le bateau est enfin là, l'embarquement peu commencer.

Le grand bazar dans la cale du bateau, il faut maintenant rejoindre nos cabines, et l'affaire a été compliquée pour certains... :

La traversée est longue (20H30), on en profite donc pour faire le briefing de l'évènement à bord :

Le briefing permet de présenter l’ensemble du road trip et de distribuer les équipements – plus de question de la part des participants - le président est content et ses troupes aussi. L'aventure peut commencer : tout le monde est prêt.

Le tracé constituait un large tour de Sicile de 1150 km, dont le point ultime était consacré au circuit "picolo" de la Targa Florio, c'est à dire celui emprunté après la deuxième guerre mondiale.

Au chapitre du tourisme la Sicile regorge de trésors archéologiques témoins de son passé riche et pluriel. Notre itinéraire nous a permis de visiter les sites de Sélinonte sur la côte près de Castelvetrano, l'incontournable Vallée des Temples d'Agrigente et la Villa Romana del Casale à deux pas de Piazza Armerina. Mais nous nous sommes aussi détournés de nos montures pour une visite pédestre de Castelmola et de Taormine. Il a fallu faire des choix, nous avons ainsi délibérément oublié Siracuse, Catane, et même Palerme car il est compliqué d'y faire circuler 17 autos sans risque d'en perdre quelques unes en route.

Le site archéologique de Sélinonte

Notre inoubliable guide de la Vallée des Temples

Le temple de la Concorde de la Vallée des Temples (Agrigente)

Le théâtre antique de Taormine

La vue plongeante sur Taormine prise depuis Castelmola

Les mosaiques de la Villa Romana del Casale. Déjà le bikini était d'un usage commun.

Mais la Sicile offre également de beaux paysages dont font partie les nombreux villages perchés essaimés sur l'ile :

Le village perché de Gangi au pied des Madonies

 Au chapitre du bien vivre nous avons bien sûr choisi des hôtels à la hauteur de l'évènement. Le premier est à mentionner pour son accueil et sa patience ! Le bateau n'a pas rattrapé son retard. Depuis le bateau nous en avons prévenu l'hôtel, qui nous a confirmé vouloir nous servir le diner malgré tout.

L'hôtel du premier soir qui nous a servi le diner à 1H30 du matin. Hospitalité sicilienne !

En termes de restaurant la Sicile nous a offert le luxe touristique à la Cantina Florio et le restaurant de campagne à coté de Nicosie au Baglio San Pietro.

A La Cantina Florio de Marsala, les autos attendent leur propriétaire au soleil pendant que ceux ci visitent les chais de Marsala, en écoutant religieusement Valentina, et dégustent à l'ombre un excellent repas arrosé avec modération de divers Marsala. Un très bon moment.

Mais nous avons expérimenté plus rustique : le Baglio San Petro près de Nicosie. L'acceuil de notre hôte Luigi Mangano était parfait... . Nous avons été servis par les membres de sa famille : la grand-mère, son épouse et ses frères. Un vrai repas du dimanche en famille en somme, avec à la place du poulet frittes des trésors de la cuisine sicilienne . Ses enfants qui revenaient de l'école ont découvert nos autos stupéfaits et émerveillés.

Sans parler de Collesano où le déjeuner nous a été servi dans une petite ruelle, nos voitures étant garées sur le parking des carabiniers de la ville et sous leur bonne garde !

 Le chapitre du sport comprenait trois volets : l'autodrome de la vallée des Temples, la montée de l'Etna en suivant le tracé d'une course de côte célèbre, et évidemment la Targa Florio.

Nous avons d'abord dégourdi nos autos sur l'Autodromo Valle dei Templi : peu connu en dehors de la Sicile, mais pour autant intéressant et très complet. Après un briefing dans les règles de l'art, les autos ont été mises en prégrille pour l'après midi. Au programme : tours de piste libres et compétition de régularité.

 

 

En montant le versant sud de l'Etna, le parcours suivait le tracé d'une course de côte et se terminait au Rifugio San Giovannino Sapienza à 2500 m d'altitude. Un exercice consistant à négocier plein de virolos dans les champs de lave de l'Etna, température en baisse, poudreuse noire sur la route, orage et éclair : l'Etna était en éruption et dispersait ses cendres.

Et puis ce fut la Targa Florio. Nous avons parcouru le "Picolo", c'est à dire celui de 72 km. Le circuit est une relique en ce sens que pas assez de moyens sont consacrés à son entretien, si bien que l'on constate des "petits" affaissements de chaussées ça et là, sans compter quelques nids de poules. Le circuit est fait de route "statale" relativement en bon état, et de "provinciale" : celle pour lesquelles les fonds manquent (malgré ce qui est annoncé sur place ...).

La prudence a été la règle, et nos autos sont passées au travers sans problème, même les 964 RS réglées bas.

Les tribunes et les stands sont encore en place:

Vue des stands à l'époque. A l'arrière se trouve le padock des camions

et la zone de contrôles techniques et administratifs des véhicules.

Le stand Porsche était toujours le dernier dans le sens de parcours du circuit : juste à coté de celui en blanc à droite sur la photo ci dessous:

Pendant la course les autos passaient devant les stands toutes les 35 minutes à peu près. Lors des arrêts l'activité était intense ! :

Helmut Both debout regarde ses troupes opérer, Peter Falk (à l'arrière plan avec le chapeau mou vert) imperturbable au chronométrage, Singer (debout à droite) dirige les mécaniciens lors du passage au stand de la RSR d'usine R2

Passage aux stands de R6, pour un relais entre  G.Van Lennep et H. Müller

Lors de notre passage l'activité a été intense aussi. Il a fallu aligner les autos sur le coté gauche de la chaussée, celui correspondant à la circulation descendant de Cerda, sans trop gêner la gêner,  la voiture d'Alain servant de bouclier. Ensuite il a fallu décider de l'alignement des autos, et comme de juste les avis ont été nombreux et partagés (au bon sens du terme) dans la bonne humeur :

Comment on met les voitures ?

Comment on se met ?

Qu'en penses tu ?

Pas mal non ? dis moi t'en penses quoi  ?

Eh bien oui c'était même très bien, remarquable même, un des sommets de l'évènement : 

Après l'alignement au stand, place à la découverte du circuit : les photos ont été prises par des amis de Giuseppe placés le long de la route.

Trois autres sites importants du circuit sont les villes de Cerda, Collesano et Campofelice.

 

Cerda aujourd'hui  présente un des deux musées de la Targa Florio. Cerda est aussi l'arrivée des course historique organisée en route fermée entre les tribunes et Cerda. Elle offre une longue ligne droite que les concurrents de la Targa Florio prenaient à fond. Gijs Van Lennep disait à ce propos (voir la photo ci dessous)  :

Quant il s'agit de course automobile, l'Italie est un pays fantastique. La Targa Florio attirait peut-être 400 000 spectateurs ! Nous avons traversé des villages à 200 km/h, et à quelques centimètres on pouvait voir des grands-mères de 75 ans, habillées en noir, debout devant leur porte d'entrée, observant avec approbation. ... Bon, elles avaient peut être 45 ans, c'était pas facile à deviner ...

Gijs Van Lennep traverse Cerda (à moins que cela soit Campofelice) lors de l'édition de 1973

Collesano est sans doute la ville où le souvenir de la Targa Florio est le plus vivace. On y trouve de nombreuses plaques céramiques l'évoquant :

Une des plaques céramiques de Collesano.

Notez le bouquet de fleur et le "NINO" fraichement repeint : Nino Vacarella (né à Collesano) venait de décéder la veille de notre passage. Notez aussi que la plaque représente la bagarre entre l'équipage Jo Siffert/Brian Redman (Porsche 908-3) et celui de Ignizio Gunti/Nino Vacarella en 1970 qui a vu la victoire de la Porsche 908. Pas chauvin les habitants de Collesano....amoureux de la Targa Florio assurément, fataliste peut être bien. Mais il y a de telles plaques un peu partout en ville et de tous les formats :

Le virage en épingle au centre ville est une célébrité en soit car c'était un des "spots" les plus prisés des photographes pendant la course :

Nous y sommes passés et avons pu constater que certains "attaquaient plus que d'autres, le rapport poids puissance sans doute ou alors le Sprizzz ! :

Alain De Cadenet/Mike Ogier sur Porsche 911 en 1970 à la sortie du même virage.

Les équipages  Lionel Perlade/Laurent Perier et Sybil et Paul Margaritis en 2021

On y trouve aussi un musée de la Targa Florio, et .... le petit restaurant en bas de la ville où nous avons été si bien accueilli par Peppe son patron : Targa Food ! tout un programme. Comme on le voit les commensaux sont ravis :

Campofelice est la dernière ville traversée par les pilotes de la Targa Florio avant la grande ligne droite de Buonfornello, où ils pouvaient enfin passer la cinquième ! Depuis Cerda ils étaient constamment en deuxième et troisième, et nous avons fait de même.. Les pilotes devaient y sentir une sorte de soulagement et une certaine inquiétude puisqu'ils allaient être à fond en espérant que tous les virages n'aient pas cassé la suspension ou la boite de vitesse.

Le souvenir de la Targa Florio est peut être un peu moins vivace qu'à Collesano, mais il n'empêche qu'il y a là l'échoppe de Serafino Barbera pour le maintenir. Serafino est un être attachant à la fois peintre, viticulteur et joueur de rock'n roll. Bien sûr nous avons visité son échoppe. Il avait mis les petits plats dans les grands : un conseillé municipal avait fait aménager une zone de parking spécialement pour nos autos, et il avait sortie sa belle cariole, telle la Vierge Marie les jours de Grand Pardon !

Campofelice est aussi célèbre pour les porschistes amoureux de la Targa Florio puisque c'est à cent mètres de son échoppe que la RSR R8 a été détruite. Serafino n'a pas manqué de peindre l'accident. Sur son tableau peinture la dame qui fuit la RSR avec son ouvrage à la main est sa voisine: nous l'avions rencontré il y a deux ans.

La soirée de gala de Andiamo alla Targa Florio devait ensuite conclure cette longue journée d'imprégnation à l'esprit de la Targa Florio.

Les vainqueurs de la compétition de régularité de l'autodrome de la Vallée des Temples ont gagné le dernier ouvrage de Michel Artero, le beau livre sur la Targa Florio de Giuseppe a été remis à chaque équipage avec un souvenir, sous forme de liquide, et les organisateurs ont été félicités comme il se doit.

S'en est suivi un beau diner. Certains s'y sont lâchés : nous tairons les noms et ne publierons que ce qui est publiable !.

Paul Margaritis, Jean Claude Bonhomme, Serafino Barbera, Giuseppe Valenza, Patrick Asfeld

Le beau gâteau pour finir le diner

Avant d'embarquer à Palerme pour retourner à Gênes, une journée de décompression était prévue.  Promenade en véhicule électrique pour visiter de la vieille ville de Cefalù, et déjeuner en terrasse ont permis de dissiper un peu les émotions et faire baisser la température.

Le chef d’œuvre de Antonelo da Messima au musée Mandraslisca est incontournable C’est le trésor de Cefalù. De même la cathédrale mérite le détour.

 

Pour terminer un séjour à Cefalù il ne faut pas manquer la terrasse du Sea Palace : sublime pour y fêter l'anniversaire de Guy et Maxime et profiter encore de l'atmosphère de la ville. Merci à l'équipe de Mauro Lombardo :

La beauté et le charme de la Sicile sont uniques. Ce n’est plus tout à fait l’Italie, ce n’est pas une ile, c’est un pays, ce n’est pas encore l’Afrique bien que ses paysages quelquefois s’en approchent, mais la Sicile communique la chaleur de ses habitants, leur sens de l’accueil, leurs profondes racines, la fierté de leur histoire, la passion de leur terre et surtout pour nous leur amour de l’automobile et surtout des Porsche.

Nous avons tous eu du mal à nous remettre de ce périple décoiffant, et les organisateurs aussi. Mais on en redemande encore et on refera encore. Des apparitions automobiles, des rêves improbables, des esquisses floues, peut être déjà des promesses se font jour.

A bientôt !



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