Les exploits des RS en 1973 : 24 h de Daytona 1973

1ère partie : les 24 heures de Daytona

4) La course :

Le jour de la course la météo fut enfin bonne : beau temps clair, température en baisse, mais vent fort. Le vent rendait un peu problématique le pilotage à vitesse élevée dans les parties relevées du circuit.

D'après les estimations faites alors, 29 500 fans assistèrent à la course, la plus part concentrés dans l'infield. La vue, les sons et les odeurs dans l'infield étaient et sont toujours captivants aujourd'hui. Les exhibitions des POM POM girls, l'odeur de cuisson des steaks au BBQ, et la musique pouvaient être perçus par dessus et malgré le feulement des voiture de courses. Jeunes et vieux se promenaient dans l'infield à vélo ou à moto, avec un chien ou deux s’égayant ça et là, alors que d'autres se promenaient avec leur chat en laisse !. A cette foule bigarrée se mêlaient des recruteurs de l'armée cherchant à faire signer leurs feuilles d’enrôlement, en dépit des accords de cessez-le-feu au Vietnam signés une semaine plus tôt. Il y avait aussi des Boy Scouts: ils avaient l'exclusivité du ramassage des canettes et bouteilles laissées par la foule. Dans l'infield on trouvait aussi des membres des clubs Porsche et Corvette qui avaient organisé des rassemblements de leurs membres. Ces rassemblements étaient parqués et surveillés par un garde, à la porte d'entrée principale, à l’extérieur, pour éviter tout débordement.

Les pluies diluviennes du jeudi et du vendredi avaient transformé la partie est de l'infield en un champ de boue, dont certains imprudents n'arrivaient pas à se sortir. Un jeune étudiant entreprenant et opportuniste s'était posté là avec une Jeep pour les extraire du piège de boue, moyennant paiement bien entendu. Apparemment il proposait le même service le week end sur les plages de sable de Daytona Beach.

Le départ fut donné  à 3 h 03, au drapeau vert comme de coutume, à l'entrée de la ligne droite de retour de l'ovale. Il en était ainsi pour des raisons de sécurité afin d'éviter un embouteillage au freinage du virage N°1 (voir le plan ci dessus). Les deux Gulf Mirage (Derek Bell suivi de Mike Hailwood)  prirent la tête suivie de la Matra. Dès sa sortie de l'infield celle de Derek Bell commença à ralentir à cause d'un problème d'alternateur, et fut aussitôt dépassée par Mike Hailwood (Gulf Mirage), François Cevert (Matra) et enfin par Reine Wisell (Lola).

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La Gulf Mirage de Hailwood/Watson mena le début de la course jusqu'à rencontrer des problèmes d'embrayage. Crédit photo Autosports Marketing Associates, Ltd. La Matra se contenta de suivre la Gulf Mirage, mais à un rythme plus soutenu que celui de la Porsche Carrear RS de Penske. Crédit Photo Autosports Marketing Associates, Ltd Derek Bell avec sa Mirage mena la course quelques instants seulement. Crédit photo Fred Lewis.

Alors que la Gulf Mirage de  Hailwood/Watson Mirage continuait sa course en tête, la Matra de Cevert/Beltoise/Pescarolo Matra  faisait une course d'attente, songeant aux 24 heures de course à faire. A l'opposé, Arturo Merzario à bord de de sa Ferrari Daytona faisait le spectacle dans les épingles de l'infield, au grand plaisir des spectateurs et des photographes.

Comme lors de toute les courses d'endurance, il y eut des abandons pendant la première demi heure. La première auto à mordre la poussière fut une des deux Ford Escort qui ne parvint pas finir le premier tour. Ensuite vint le tour de  la  Z28 de Chitwood Racing au sixième tour, suivie de la Corvette de John Greenwood. Le sort s'est acharné sur cette Corvette. En effet, revenue au stand assez rapidement à cause de ses pneumatiques "ordinaires" (cf ci dessus), lors du changement de pneumatique la voiture glissa de ses crics et retomba sur l'un d'eux  en crevant son radiateur. Dépité John Greenwood abandonna donc au septième tour. Enfin, la deuxième Ford Escort abandonna au neuvième tour.

corvette au parc
Arturo Merzario pensait peut être qu'une course d'endurance telle que les 24h de Daytona devait être se mener à fond. Crédit photo Autosports Marketing Associates, Ltd. La Camaro de Chitwood Racing (de l'autre coté de la cloture) ) a abandonné très tôt (6ème tour). Notez le nombre de fan admirant la Ford GT40 Mark IV au premier plan. Beaucoup d'anciens fans des 24h de Daytona aurait bien aimé voir le retour de ce genre de voiture en course. Crédit photo Louis Galanos.
Porsche 908 canadien
La corvette de John Greenwood Corvette abandonna après 7 tours seulement. Crédit photo Louis Galanos.  Après deux tours seulement la Porsche 908/02 canadienne de Harry Bytze était de retour au stand pour changer une roue. Elle n'allait pas arrêter d'y retourner, mais allait finir la course, mais à 148 tours du premier. Crédit photo Louis Galanos

A son dix neuvième tour la Porsche de Mark Donohue fit un arrêt non prévu au stand pour un changement de pneumatique. Donohue se plaignait de l'équilibrage d'une de ses roues. D'autres concurrents retournèrent à leur stand respectif pour les mêmes motifs. Apparemment les fabricants de pneumatiques "ordinaires" (cf ci dessus) avaient des difficultés à équilibrer les roues sur lesquelles ces pneumatiques étaient montés.

Au même instant la Ford Chevron B21 de Hugh Kleinpeter, Jim Gammon et Tom Shelton était aussi au stand pour des problèmes de transmission qui allait les contraindre à l'abandon lors de leur 241ème tour.

porsche 6 camaro 14
La Porsche Carrera de Donohue et Follmer en train de faire l'intérieur à la Camaro candienne à la sortie du virage N°3 . Donohue dut s’arrêter prématurément au stand parce que ses roues montées de pneus "normaux" étaient deséquilibrées. Crédit photo Louis Galanos. La Ford Chevron B21/23 pilotée par Hugh Kleinpeter (in car during practice), Jim Gammon et Tom Shelton. L'auto dut abandonner au 241ème tour pour des problèmes de transmission. Crédit photo Fred Lewis.

Considérant tous les problèmes que les mécaniciens des Mirage avaient eu à résoudre pendant les séances d'essais, ils étaient prêts  à tout. Ils allaient être servis et en plus n'allaient pas attendre longtemps : Derek Bell rentra très tôt aux stands pour un support d'alternateur desserré, puis une seconde fois avec la rupture de l'accouplement de la pompe à injection. Puis vint une bougie qui n'allumait plus. Puis, après 4 heures de course, vint le tour d'une butée d'embrayage qu'ils devaient mettre une heure à remplacer. L'autre Mirage semblait en meilleure forme: à la tombée de la nuit elle était en tête avec la Matra à ses trousses.

La Porsche 908/03 de Joest était alors troisième, la Porsche Brumos de Peter Gregg était quatrième avec celle de Penske de Donohue/Follmer cinquième. A un moment la Mirage en tête avait été chronométrée à 297 kmh sur la ligne droite devant les stands.

A la tombée de la nuit des feux de camps avaient été allumés dans l'infield par certains fans pour combattre le froid de ce mois de février, en  espérant que le vent, qui avait soufflé toute la journée, continuerait de le faire afin d'éviter d'enfumer l'enceinte du speed way. En effet le brouillard matinal habituel à cette époque de l'année à Daytona, combiné à la fumée des feux de camps, risquait de poser de sérieux problèmes de visibilité aux pilotes.  Cela avait été le cas une année par le passé, et la course avait été interrompue.

Juste après sa 6ème heure, la course vit son premier accident spectaculaire. Le dominicain Horacio Alavarez perdit le contrôle de sa 911S au virage N°4, et partit en tonneau après avoir heurté un mur. La voiture fut très endommagée avec son toit aplati jusqu'à son arceau. Par contre le pilote était indemne et fumait tranquillement une cigarette à sa sortie de l’hôpital. La Corvette de Tony De Lorenzo – Maurice “Mo” Carter abandonnait aussi au même moment. Elle était là, tristement rangée le long de la ligne droite, avec un embrayage hors d'état, après seulement 101 tours. Ainsi alors qu'il restait encore 20 h de course, 13 voitures avaient déjà abandonné.

911 S n° 99
La Mirage pilotée par Derek Bell et Howden Ganley avait gagné la pole position lors des essais. Mais dès le premier tour les ennuis commencèrent. Crédit photo Autosports Marketing Associates, Ltd. Ce qu'il restait de la 911 S d'Horacio Alvarez – Diego Febles après les tonneaux effectués par Horacio. Crédit photo Fred Lewis.

Une heure après la voiture en tête, la Mirage de Hailwood/Watson, du s’arrêter pour régler un problème d'embrayage, ce dont profitait la Matra, qui alors passa en tête, suivie par la Porsche 908/03. Les pilotes Matra tournaient en économisant leur monture : ils tournaient dans les temps des Porsche de Brumos et de Penske, c'est dire.

Mirage au stand Mirage au stand bis
Un arrêt programmé de la Mirage de Mike Hailwood – John Watson. Elle aussi souffrait de problème d'embrayage mais elle du abandonner définitivement lorsque sa suspension lâcha dans l'anneau alors que Watson la menait à 288 km/h ! . Crédit photo Louis Galanos. La même voiture au stand. Crédit photo Louis Galanos.

La Porsche 908/03 ne pu pas prendre avantage longtemps des problèmes de la Mirage, car elle du s'arrêter elle aussi aux stands car une de ses batteries se promenait un peu dans la voiture.... . Ils abandonnèrent toutefois sur problème de boite de vitesse au 244ème tour.

Avec les problèmes que rencontraient les prototypes, la bataille que se livraient les Porsche de Brumos et de Penske commençait à susciter l'intérêt lorsqu'elles prirent la deuxième et la troisième place.

Les supporters de Porsche commençaient à avoir le vertige à la pensée que des "routières" comme les Carrera RS pouvaient contester la victoire finale à des prototypes.

Porsche Brumos et Penske
Avec les prototypes hors course ou très loin au classement, l'intérêt des spectateurs commencait à ce concentrer sur les Porsche Carrera de Brumos et Penske. La photo montre Hurley Haywood devant Mark Donohue faisant l'extérieur à la Porsche 911 S de Erwin Kremer. Notez la déformation du capot de l'auto de Hurley Haywood. Crédit photo Autosports Marketing Associates, Ltd.
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Une autre vue de la RSR de Brumos montrant la déformation du capot. Quelle guerrière !

 



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Commentaires:

  1. Hi ! Did the Sunoco n°6 raced anytime withe the number 9, exactly as the Sunoco 512M Ferrari had done in 1971 ?... Thanks for answer.
    Regards, Luc Mozzoli - France

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